Charras d'Hier et d'Aujourd'Hui - Charras - 16 - abbaye de Grosbot - plan de l'abbaye de Grosbot
...........Plan de l'abbaye de Grosbot...........

  1- L'église

  2- Le croisillon Nord

  3- Le cloître

  4- La salle capitulaire

  5- L'aile Est

  6- L'aile Nord

  7- L'aile Ouest

  8- Les canaux souterrains et les viviers

  9- Le portail

10- La porte des morts

Charras d'Hier et d'Aujourd'Hui - Charras - 16 - abbaye de Grosbot - église abbatiale -
L'église abbatiale (cf. plan n°1)
Charras d'Hier et d'Aujourd'Hui - Charras - 16 - abbaye de Grosbot - le cloître
Le cloître (Cf. plan n°3)
Charras d'Hier et d'Aujourd'Hui - Charras - 16 - Abbaye de Grosbot - salle capitulaire
La salle capitulaire (Cf. plan n°4)
Charras d'Hier et d'Aijourd'Hui - Charras - 16 - abbaye de Grosbot - salle capitulaire - fen^tres géminées du XIIème siècle
Salle capitulaire - fenêtre du XIIèm siècle
Charras d'Hier et d'Aujourd'hui - Charras - 16 - abbaye de Grosbot - aile Ouest et cour d'honneur
Aile Ouest et cour d'honneur (Cf. n°7)
Charras d'Hier et d'Aujourd'Hui - Charras - 16 - abbaye de Grosbot - canaux souterrains - viviers
Aboutissement des canaux souterrains : les viviers (Cf. plan n°8)

                                   Petite visite à l’abbaye                      (14 mars 1998)

 

À plusieurs titres, visiter l'Abbaye de CHARRAS devrait être un événement incontournable pour tout amateur de patrimoine qui se respecte.

 

Premièrement, parce qu'elle est située sur notre commune, et qu'il n'y a que les rustres, les incultes, les imbéciles pour s'offusquer et se plaindre de ce que tel ou tel édifice, légué par nos ancêtres, puisse s'y trouver...

Deuxièmement, parce que tous les maux qu'elle connut depuis sa fondation en 975 par les Seigneurs de MARTHON semblent effacés depuis son rachat par Madame EVANS, et les formidables travaux de restauration qu'elle y a entrepris.

 

Troisièmement enfin, parce que nous célébrons cette année (1998), le neuf centième anniversaire de l'Ordre de Cîteaux auquel fut rattaché l'Abbaye en 1142.

 

Florissante grâce aux libéralités des Seigneurs de MARTHON, l'Abbaye fut ruinée par la guerre de Cent Ans et les guerres de religion du XVIème siècle. De cette période, il n'en subsiste que les ruines de l'église abbatiale, construite vers les années 1120.

 

 

Adossés à celle-ci, les bâtiments de facture plus récente correspondent aux bâtiments conventuels qui ont été reconstruits au XVIIème siècle sous l'administration de l'abbé Jean de La Font. Renaissance de courte durée puisque l'abbaye fût vendue à la Révolution comme bien national.

 

C'est à l'aile ouest que Madame EVANS s'est attachée à donner, en premier, un bain de jouvence. Et l'on ne peut qu'être admiratif quand on se souvient de l'état de vétusté et d'inconfort du bâtiment qui servait de bergerie, accentué par l'incendie qui en avait ravagé une partie juste avant son rachat. Charpente, toiture, menuiseries extérieures, chauffage, aménagements intérieurs, ravalement, peintures extérieures... pour en arriver à la façade claire et propre qui jouxte l'entrée de l'église abbatiale, que rehaussent les balustres de la cour d'honneur.

 

Deuxième des travaux d'Hercule, le démontage et la reconstruction pierre par pierre du mur nord de l'église abbatiale dans sa partie donnant sur l'ancien cloître, autour duquel sont bien évidemment articulés les bâtiments du XVIIème siècle.

 

En parallèle, travaux de fouilles sur le terrain, de lectures, de recherches en bibliothèque ou archives... qui, nous l'espérons, aboutiront bientôt à notre grande satisfaction, à la publication d'une histoire de l'Abbaye.

 

Notre visite du 14 mars s'est plus intéressée au cloître. Dans une abbaye cistercienne, si l'église est, par sa vocation liturgique, l'édifice majeur du monastère, le cloître est, lui, le bâtiment le plus important par sa structure, puisqu'il conditionne le plan d'ensemble. Le plus souvent, il consiste en quatre galeries couvertes dessinant un carré et dégage un espace central aménagé en jardin. Dans sa formule la plus simple, les galeries du cloître sont abritées sous une charpente reposant sur des arcades ou des piliers, mais à partir du XIIème siècle, on généralisera son voûtement.

 

À Grosbot, les murs Est (bâtiment conventuel) et Nord (mur Sud de l'église abbatiale) conservent des alignements parallèles de trous correspondant aux poutres de charpente du toit du cloître. Certains trous placés en hauteur pourraient témoigner de l'existence d'un cloître à étage... Il est actuellement difficile de dire quel degré d'évolution avait atteint ce cloître

 

Lieu de méditation, de détente et de passage, le cloître offre aux moines déambulant en procession un dégagement ample et abrité pour accéder aux différents espaces conventuels qui s'articulent autour de lui. Lorsque l'abbaye ne dispose pas d'une bibliothèque, il devient lieu de lecture et les moines y rangent, dans une niche appelée armarium, les livres destinés à leur éducation. Sa galerie nord, souvent munie de bancs de pierre, comme à CADOUIN en Dordogne, porte le nom de galerie des collations : les moines s'y installaient pour écouter la lecture d'un passage des Collationes de Jean CASSIEN et pour réciter l'office des Complies.

 

 

          Dans un angle du cloître, en son centre ou accolé à l'une des galeries, le lavabo, simple vasque, modeste fontaine ou véritable édicule, reprend l'ordonnance architecturale du cloître. Image permanente du baptême, il invite le moine qui s'y lave les mains et le visage avant son entrée au réfectoire à méditer sur la purification de son âme et de son cœur.

 

 

Tandis que l'église est le pôle de la vie spirituelle du moine, la salle capitulaire (ou chapitre) est le centre de la vie sociale. Cette qualité est traduite par un traitement architectural particulier : son entrée consiste souvent en une porte monumentale flanquée de deux baies jumelées (les frères convers, tenus à l'écart, sous la galerie du cloître, pouvaient toutefois suivre les débats grâce à ces baies, qui au Moyen Age n'étaient jamais fermée), et ses voûtes, généralement remarquables, reposent au centre sur deux colonnes. Son volume, d'une grande solennité, fait parfois saillie sur l'alignement des élévations. Dans certains cas d'ailleurs, cette saillie est traitée à la manière d'une abside polygonale, faisant écho à l'abside de l'église.

 

C'est tout cet ensemble, découverte récente, formant l'entrée de la salle capitulaire entourée de deux baies géminées (l'une réouverte lors des travaux de restauration et aux sculptures impeccables, l'autre fermée et aux sculptures reconstituées) de part et d'autre d'une porte condamnée, qu'a également été heureuse de nous montrer Madame EVANS ; tout en regrettant ne pouvoir nous faire accéder à la salle en elle-même, qui se trouve encore dans un trop piètre état.

 

Autre vestige qui demeure à Grosbot, le pavement du cloître, en pisé, côté est, ainsi que dans le mur du même côté, le tombeau d'Arnauld de Mainzac avec l'inscription : Hic jacet magister Arnaldus de Minzac ; ejus anima requiescat in pace. Am..

 

 

Dans l'angle sud-est, décorée de colonnettes et de frises en damiers et en pointes de diamants, une porte condamnée, faite au XVIIème ou au XVIIIème siècle, permettait de communiquer directement du transept nord de l'église abbatiale à l'intérieur du cloître.

 

Un autre chantier est en voie d'achèvement, celui de la réfection, à l'identique, de la couverture de l'aile de bâtiment côté est, couverture caractéristique par la juxtaposition de deux matériaux : les tuiles plates de la partie supérieure, et l'ardoise qui recouvre la partie la plus pentue, ardoise que l'on retrouve dans le Limousin et qui nous rappelle ici les liens entretenus avec la "maison-mère" d'AUBAZINE en Corrèze...

 

L'extérieur de l'Abbaye a été le lieu de fouilles archéologiques et notamment d'un chantier entrepris l'été 1997 qui a permis la mise à jour, à l'Est des bâtiments, de vestiges que l'on pourrait identifier comme étant ceux de l'ancienne abbaye du IXème siècle. On y voit des restes de tombes et un ensemble circulaire qui pourrait être mis en relation avec les bassins de la cour d'honneur et du cloître, dans le prolongement desquels il se trouve.

 

Tout le réseau hydraulique souterrain restant à explorer, on ne peut qu'être impatient d'y voir d'autres chantiers de fouilles et d'en savoir plus, surtout si on se souvient qu'en premier lieu, c'est la logique de l'eau qui commande l'emplacement d'une nouvelle fondation. Canalisée depuis sa source jusqu'au lavabo du cloître ou à l'évier des cuisines, elle alimente les viviers, irrigue les cultures, draine les latrines et les égouts, entraîne foulons, maillets et meules... Qu'en était-il à l'origine à l'abbaye de Grosbot, érigée sous le vocable de Notre-Dame de Font Vive ?

 

Les projets de Madame Evans la conduiront un jour à la réfection de l'église abbatiale. Autres travaux d'Hercule qui l'attendent et qui ne peuvent que nous laisser admiratifs devant ce qui a été fait, la qualité du travail mené en fidélité avec l'esprit des premiers constructeurs, et nous réconcilier avec le fait qu'il existe quand même, à CHARRAS, des personnes capables d'apprécier un patrimoine architectural au point de s'y investir corps et biens, ce dont nous finissions par douter...

 

Avec nos remerciements pour la visite et nos encouragements pour l'avenir.